Histoire de la commune
Le nom propre « Matha » signifie en langage pré-gaulois « broussailles » et fait référence aux environs extrêmement boisés et forestiers de la région mathalienne.
ANTIQUITÉ TARDIVE
Dans cette période, les Wisigoths s'installent dans la région de Matha, et ce jusqu'à l'arrivée de Clovis, alors roi des Francs unis de 481 à 511.
Ce dernier, tout en unifiant les différents peuplades franques sous un même royaume, se convertit au christianisme, mettant en place sa diffusion à partir de Matha.
À sa mort, le royaume des Francs se divise et les invasions viennent de toutes parts.
MOYEN-ÂGE
En l'an 800, Charlemagne est sacré empereur des Francs. Les invasions diverses et variées se calment alors sous son règne grâce à sa politique. À sa mort en 814, son fils Louis le Pieux rompt avec cette politique et les attaques reprennent. Par conséquent, de nombreux châteaux et monastères sont construits pour ralentir les avancées musulmanes et normandes. En 866, la baronnie de Mathas a pour chef-lieu le château que Wulgrin Ier, comte d'Angoulême, a fait bâtir, ainsi que le château de Marcillac, pour réprimer les avancées Normandes contre lesquels il a été en guerre toute sa vie.
Par la suite, Wulgrin donne Mathas et Marcillac à un de ses parents Ranulfe, dont les enfants Lambert, Audouin et Odolric furent accusés d’avoir voulu empoisonner Sancie (fille de Guillaume, comte de Périgord, et femme d’Ademar, comte de Poitiers). Les deux premiers furent mis à mort à cause de cette action. Néanmoins, Odolric fit la paix avec son parent, Guillaume Taillefer à qui il donna la terre de Montignac et qu’il rétablit dans la vicomté de Marcillac. Depuis, la seigneurie de Mathas retomba dans la maison d’Angoulême et fut successivement le berceau de deux branches illustres de cette maison.
En 1130, la maison de Chabannes se substitue à la première branche de la maison d'Angoulême. Elle a pour origine le mariage d'Amélie, héritière des seigneuries de Chabanais et de Confolens avec Guillaume de Matha. Une décennie plus tard, la seconde branche fut fondée par un fils du second lit de Wulgrin Taillefer II, comte d’Angoulême, qui donna à son second fils nommé Foulques, la terre et baronnie de Mathas, à titre d’apanage (partie du domaine donnée à un second fils).
En l'an 1200, Isabelle Taillefer (comtesse d’Angoulême) est fiancée à 14 ans à Hugues de Lusignan. Le jour des noces, Jean sans Terre, roi d’Angleterre, est ébloui par la beauté d’Isabelle. Il l’enlève et se marie avec elle ; condamné pour forfaiture, ses biens reviennent au Roi de France, Philippe-Auguste. En 1208, Boson de Mastas, seigneur de Cognac, s’empare du château avec l’accord des habitants : c’est la toute première manifestation connue de l’opinion publique dans notre histoire locale.
L'an 1216 sonne le glas de Jean sans Terre. Un de ses fils, Henri III monte sur le trône anglais. Sa mère Isabelle Taillefer revient en France et en 1220, elle épouse son ancien fiancé Hugues de Lusignan. Elle donne Matha à son fils Henri III roi d’Angleterre, alors que le château, forteresse importante, appartenait à Foulques II de Matha, descendant des comtes d’Angoulême et leur vassal.
En 1242, sous l’influence d’ Isabelle Taillefer, son fils Henri III d’Angleterre et son mari Hugues de Lusignan organisent un front commun contre le roi de France Louis IX, futur Saint Louis. En juin, il arrive devant Matha, et emporte de vive force le donjon défendu par Robert de Montbron. Louis IX fait raser le donjon du château et déclare Matha « bourg-franc ». Celui-ci contenait, selon l’usage, le « Trésor » de la maison, c’est-à-dire les archives, qui ont été ensevelies dans les décombres. Le mois suivant, le roi de France triomphe à Taillebourg de la coalition conduite par Henri III qui a débarqué à Royan.
Pendant la Guerre de Cent Ans, Matha est tantôt aux mains des Français, tantôt entre celles des Anglais. En effet, en 1356, Louise de Matha, comtesse de Périgord, reçut à la mort de son père (Foulques IV de Matha) Matha, Mornac, Arvert et Royan. En l'an 1400, Eliénor de Périgord (vicomtesse d ’Aulnay) reçoit le château de son père en donation. Les Seigneurs de Matha sont prospères. Ils possèdent des salines sur le littoral, mais aussi des fiefs, terres et châteaux et ont droit de basse et haute justice sur tous les habitants de la seigneurie.
À la fin de la guerre de Cent Ans (1453), la seigneurie passe dans la famille des Montbron. Elle le restera pendant presque cent ans, alliée aux plus grandes lignées de la région, et familière des grands royaumes : on trouve dans les généalogies les Chabot de Jarnac, les Rochechouart, les Chabannes, les Rochefoucault, les Levis ainsi que les Galliot de Genouillac.
Enfin, au XVème siècle, le seigneur de Matha et vicomte d'Aulnay fait construire le nouveau château, situé sur une « motte » près de la rivière.
RENAISSANCE
Héritière de Matha, Jacquette de Montbron épouse le vicomte et baron André de Bourdeilles en 1558, elle fera édifier à la fin du siècle, un pavillon renaissance, accolé au nouveau château.
En 1582, le vicomte de Bourdeilles meurt au château de Bourdeilles des suites d'une chute de cheval survenue six ans auparavant. Son épouse qui lui était passionnément attachée fit embaumer son corps qu'elle conserva pieusement pendant plus de six mois. Au mois d'août suivant seulement, elle ordonna ses funérailles « avec beaucoup de magnificence ».
L'année suivante, le château est entre les mains des catholiques. Le prince Henri de Condé (1552 - 1588), chef du parti prostestan,t, s'en empare. De là, il va conduire la guerre de religion en Saintonge. Le château de Matha est tour à tour tenu par les catholiques puis les protestants.
Portrait de Jacquette de Montbron.
ÉPOQUE MODERNE
Marie de Médicis habite le château pendant le siège par Louis XIII de Saint-Jean-d'Angély (ville huguenote) en 1621. Le roi élève la baronnie de Matha au titre de comté. Louis XIV donna l’ordre de saisir, en 1649, les terres de Charles de Bourdeilles, comte de Matha, un des chefs de troupe de la Fronde (révolte des nobles du Parlement de Paris au début du règne de Louisb XIV).
Henri-Joseph de Bourdeilles (qui meurt sur l'échafaud en 1794) vend le comté de Matha en 1778 à René-François-Melchior Begeon de Saint-Même.
Begeon de Saint-Même émigre et le château est vendu le 30 janvier 1795, comme bien national, pour la somme de 93 100 livres payée en assignats (Saint-Hérie et Marestay formaient autrefois des communes indépendantes).
Par ordonnance royale, Saint-Hérie est réunie à Matha le 6 Mai 1818. La commune de Matha est créée, elle regroupe Marestay et Saint-Hérie, ainsi que les villages de Suchet, Héritolle, Archambaud, Les Hubins, Chachevrier et une partie du Goulet. Un hospice important se trouvait à côté de l’église à Marestay et permettait aux pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle de s’y arrêter.
Marestay et Matha-Saint-Hérie vont voter pour un unique maire Jean-Baptiste Lauvard en 1819. La rivière Antenne a permis la présence de moulins, de six chapeliers et du rouissage du chanvre. La viticulture a toujours été présente à Matha, et ce malgré l’épidémie du phylloxéra qui a détruit le vignoble à la fin du XIXe siècle, provoquant une période de grande misère. Le chanvre était la seconde culture, l’élevage et la polyculture se sont également développés, avec la création d'une laiterie à Matha, transférée à Surgères au début des années 1980.
ÉPOQUE CONTEMPORAINE
La société CITRAM est créée en 1919.
Le 7 mai 1951, le château est classé monument historique et est, par la suite, acheté par la commune le 24 Mars 1961, après avoir connu plusieurs propriétaires.
La commune fête le bicentenaire de sa création sous sa forme actuelle le 6 Mai 2018.